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Et il s’enivrera avec un seigneur anglais, qui l’insultera ; et il proposera au seigneur anglais de se battre avec lui ; et sa maîtresse, qui aura perdu l’honneur de son sexe, décidera de celui des hommes, et elle apprendra au maître qui lui a tout appris qu’il ne doit point se battre.

Et il recevra une pension du mylord, et il ira à Paris, et il n’y fréquentera point les gens sensés et honnêtes, et il n’y verra que des filles et des petits-maîtres, et il croira avoir vu Paris.

Et il écrira à sa maîtresse que les femmes sont des grenadiers, et qu’elles vont toutes nues, et qu’elles ne refusent rien à tous les hommes qu’elles rencontrent.

Et lorsque ces mêmes femmes le recevront à la campagne, et auront commencé à sourire à sa vanité, il trouvera en elles des prodiges de vertu et de raison.

Et les petits-maîtres le mèneront chez des filles de mauvaise vie, et il s’y enivrera comme un sot ; et il couchera avec ces filles ; et il écrira son aventure à sa maîtresse ; et elle le remerciera.

Et il recevra le portrait de sa maîtresse, et son imagination s’allumera à la vue de ce portrait ; et sa maîtresse lui fera des leçons obscènes de chasteté solitaire.

Et cette fille si amoureuse épousera le premier homme qui viendra du bout du monde ; et cette fille si habile n’imaginera aucun expédient pour empêcher ce mariage, et elle passera hardiment des bras d’un amant dans ceux d’un époux.

Et le mari saura, avant de l’épouser, qu’elle est amoureuse et aimée à la fureur d’un autre homme, et il fera volontairement leur malheur, et il sera pourtant un honnête homme, et cet honnête homme sera pourtant un athée.

Et aussitôt après le mariage, la femme se trouvera très-heureuse ; et elle écrira à son amant que, si elle était encore libre, elle épouserait son mari plutôt que lui.

Et le philosophe voudra se tuer.

Et il fera une longue dissertation pour prouver qu’on doit toujours se tuer quand on a perdu sa maîtresse ; et son amie lui