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tester. La presse se meurt, la presse est morte, entend-on répéter tous les jours et de tous les côtés. S’il en était ainsi, ce nous serait un argument de plus en faveur de notre projet ; mais nous sommes loin de voir les choses aussi en noir pour nous, la liberté de la presse est la plus vivace, la plus imprescriptible de nos libertés, comme elle en est le fondement inébranlable et en quelque sorte, l’âme et la vie : elle peut sommeiller ; elle ne saurait périr.

Ce qui est vrai, c’est que la presse est aujourd’hui dans un de ces moments de torpeur qui, par une loi que l’on retrouve partout dans la nature, succèdent toujours aux grandes agitations. J’ai pensé que c’était précisément dans un pareil moment, alors que les passions qui s’agitent trop souvent autour d’elle faisaient silence, qu’il était plus opportun d’en écrire les annales, et, par l’enseignement qui en découle, de rassurer et les amis et les ennemis de cette institution, si diversement jugée, qui, si elle est pour les uns l’objet de trop vives aspirations, est pour les autres l’objet de terreurs irréfléchies.


Les difficultés d’une œuvre si vaste ne m’ont point échappé, et je ne me suis pas un instant dissimulé mon insuffisance. Aussi n’est-ce qu’après de bien longues hésitations que je me suis décidé à