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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/168

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dent. On en dit une raison particulière, savoir qu’il n’est pas bien avec M. Colbert depuis le procès de M. Fouquet. Nous verrons ci-après si les prétendus censeurs sine suffragio Quiritium auront le crédit et l’autorité de critiquer ainsi tous ceux qui n’écriront pas à leur goût… Sommes-nous au temps de Juvenal, qui dit :

Dat veniam corvis, vexat censura columbas !

Une chose néanmoins nous console, c’est que nous n’avons point tort, et que les savants et intelligents sont de notre avis. Mais ces messieurs abusent de leur crédit. La république des lettres est pour nous, mais M. Colbert est pour eux, et si mon fils se défend, on dit qu’on l’enverra à la Bastille. Il vaut mieux ne point écrire.


Nous mentionnerons encore, en raison d’une particularité qui mérite d’être relevée, une querelle qu’eut M. Sallo avec Grégoire Huret, graveur en taille douce. Celui-ci, ayant publié un cahier sur une question d’architecture, en fit lui-même une analyse, où il ne s’écorchait pas, comme bien on le pense, et en sollicita l’insertion dans le Journal des Savants. Le rédacteur refusa, et parce qu’il ne trouva pas l’article digne de figurer dans son recueil, et parce qu’il ne partageait pas toutes les doctrines qu’y émettait l’auteur. Inde irœ, de là deux brochures de Huret contre le Journal dit des Savants.

D’autres encore s’ameutèrent contre le journaliste trop véridique ; mais tous les cris de l’amour-propre blessé n’auraient fait vraisemblablement que consolider le succès du Journal des Savants, s’il ne