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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/333

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humble qu’elle se fît, n’était-elle pas facilement acceptée par les intéressés. On peut dire, en un mot, qu’on ignora, pendant cette première période, ce qu’était la critique, qu’elle s’ignorait elle-même.

Avec la seconde moitié du xviiie siècle commence pour le journalisme une ère toute nouvelle ; on pourrait presque dire, avec Delisle de Sales, mais dans un autre esprit, que c’est alors seulement que naquit le journalisme. Un concours singulier de circonstances vint lui révéler sa force, vint révéler au monde la puissance de cet instrument nouveau, ou du moins si timidement manié jusque là. « La pensée humaine commençait cette longue révolte qui a enfanté la plus longue, la plus difficile, la plus mémorable des révolutions ; toute l’Europe, étonnée, disait à Voltaire : « Tu seras roi, Voltaire ! » Un homme alors se leva qui défendit, lui tout seul, la littérature du xviie siècle, qui était déjà de la vieille littérature, les principes du grand règne, qui étaient déjà de vieux principes, la croyance de Bossuet et de Louis XIV, qui était déjà de la vieille croyance ; qui, prenant pour mot d’ordre Racine et Boileau, combattit seul toute sa vie pour la sainte cause du goût, et de l’art, et des règles, au grand étonnement du monde, au grand scandale des dieux du jour, qui vainement s’ameutèrent en masse pour étouffer cette voix courageuse. »

C’est de Fréron que parle ainsi M. J. Janin, avec