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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/354

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ment. Il chargea même Desfontaines, quelques années après, de traduire un Essai sur l’Épopée qu’il avait écrit en anglais pendant son séjour à Londres ; mais, peu satisfait, paraît-il, du travail de son traducteur, il le refit lui-même, et le fit imprimer comme sien. Desfontaines s’en formalisa, comme d’un mauvais procédé, et de ce jour, « ne se croyant pas lié par la reconnaissance au point de manquer à ses devoirs comme journaliste », dit un biographe de Voltaire, il apporta moins de ménagements dans ses critiques. Cependant ce n’est qu’avec les plus grands égards encore qu’il parle de Voltaire dans le Nouvelliste du Parnasse, qu’il venait de fonder, et, au dire même de M. Nisard, qu’on ne peut soupçonner de partialité pour Desfontaines, « ses censures étaient à ses éloges comme l’unité est à la centaine ; mais Voltaire n’en était pas moins profondément blessé, et il amassait des trésors de vengeance. »

Des observations critiques sur le Temple du Goût ayant paru en 1733, Voltaire ne manqua pas de les attribuer à Desfontaines. « Pensant toutefois qu’il n’était pas encore à propos d’éclater, trop de gens à l’estime desquels il tenait lui-même s’intéressant au journaliste, il eut recours à un procédé dont il faisait déjà usage, et qui lui servait comme de soupape de sûreté dans les moments où il y eût eu péril pour sa vie à ne pas ouvrir une issue au