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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/355

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trop plein de sa colère. Ce procédé consistait dans une de ces petites pièces de poésie, philosophiques et morales, qui, sous le nom d’épîtres, d’odes, de discours en vers et de satires, exercices faciles et propres à lui éclaircir la bile comme à lui entretenir la main, donnaient lieu à des allusions si transparentes que ses ennemis qui en étaient l’objet n’étaient pas moins bien reconnus que s’ils eussent été nommés. » Dans un Discours sur l’Envie il décocha à Desfontaines ce trait perfide :


Cent fois plus malheureux et plus infâme encore
Est ce fripier d’écrits que l’intérêt dévore,
Qui vend au plus offrant son encre et ses fureurs ;
Méprisable en son goût, détestable en ses mœurs ;
Médisant qui se plaint des brocards qu’il essuie ;
Satirique ennuyeux disant que tout l’ennuie,
Criant que le bon goût s’est perdu dans Paris,
Et le prouvant très-bien, du moins par ses écrits…
Hélas ! quel est le fruit de tes cris imbéciles ?
La police est sévère ; on fouette les Zoïles.
Chacun avec mépris se détourne de toi ;
Tout fuit, jusqu’aux enfants, et l’on sait trop pourquoi.


Desfontaines, cette fois, ne se crut plus obligé à aucun ménagement. Comme les Observations sur le Temple du Goût avaient été d’autant plus désagréables à Voltaire qu’elles avaient coïncidé avec la menace faite au poète d’une lettre de cachet, si son Temple n’était rebâti sur un nouveau plan (lettre de Voltaire à Thiriot, 1er mai 1733), Desfontaines