Aller au contenu

Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/360

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’est toujours, comme on voit, le même thème. Cependant Voltaire, envoyant son ode à Berger, en supprima ces trois strophes : « J’ai dédaigné de parler de Desfontaines, lui écrit-il ; il n’a pas assez illustré ses vices. » Avait-il donc été pris de remords ? Non ; c’est que, dans l’intervalle, Desfontaines, qui ne connaissait pas encore cette ode, avait parlé de la tragédie d’Alzire et de son auteur dans les termes les plus aimables. « La tragédie d’Alzire de M. de Voltaire, disait-il dans ses Observations (t. 4, p. 141), a eu un très-grand succès. J’y prends toute la part possible, comme son admirateur et son ami… J’aurai soin de vous rendre compte de cette pièce au premier jour, et je ferai mes efforts pour en parler dignement. Je serai le panégyriste de cet illustre écrivain lorsque je croirai qu’il le mérite, c’est-à-dire que je le serai presque toujours. Pourrais-je avoir jamais la pensée de ternir la gloire d’un auteur qui contribue en son genre à celle de ce règne ?… »

Un bon procédé en appelle un autre : Voltaire fit rentrer les trois strophes dans son portefeuille. Mais il en eut presque aussitôt regret, et il ne tarda pas à les rétablir ; la raison qu’il en donne à son ami Thiriot est vraiment incroyable : «J’avais ôté, dit-il, ce monstre subalterne d’abbé Desfontaines de l’ode sur l’Ingratitude ; mais les transitions ne s’accommodaient pas de ce retranchement, et il vaut