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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/379

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tachée, il n’y mit d’autre préambule que cette épigraphe, prise de Martial : Parcere personis, dicere de vitiis ; et s’il s’écarta quelquefois de ce précepte, qu’il semblait ainsi prendre pour règle, la faute en fut à ses ennemis, qui épargnaient si peu sa personne.

Élève de Desfontaines et son collaborateur pendant dix ans, qu’était-il besoin à Fréron de profession de foi ? Son but, tout le monde le savait, c’était si l’on peut ainsi dire, la démolition de Voltaire et des Encyclopédistes, et ce but, il le poursuivit pendant vingt-cinq ans avec une persévérance, avec une animosité, si l’on veut, mais, il faut bien en convenir aussi, avec un courage, avec une énergie, dont les annales littéraires n’offrent pas d’autre exemple. Il ne laissait échapper aucune occasion de montrer que Voltaire était injuste dans ses critiques, indécent dans ses diatribes, et que ses ouvrages n’étaient pas tous des chefs-d’œuvre. Il accusait les Encyclopédistes d’être intolérants, égoïstes, pleins de morgue et vindicatifs ; il leur reprochait de corrompre le goût par leurs paradoxes, et les mœurs par des principes qui tendaient au renversement de l’ordre social ; il avait le courage de dire que les philosophes ne respectaient dans leurs écrits ni la religion, ni les lois, ni le trône, et il semblait prédire les malheurs de la Révolution.

Les feuilles de Fréron furent accueillies tout d’abord avec la plus grande faveur, au dire même