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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/446

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on le chassera de l’Académie et de Paris, s’il ne renonce pas absolument au pugilat qui lui a si mal réussi. Je ne lui connais plus à présent qu’un seul ennemi : c’est le public en corps, qui se réunit en un seul point, et qui ne veut ni écouter ses apologies ni lire ses ouvrages. »

Ceux qui ont été habitués dès l’enfance à entendre parler de La Harpe comme d’un oracle, d’un dictateur du goût, comme du Quintilien français, seront étonnés de voir à quel degré de discrédit il était tombé à ce moment. Il y avait pour lui à revenir de bien loin, comme on voit, et il lui fallait pour cela toute son énergie d’esprit et tout son courage. On sait comment il en revint.

La Harpe avait des qualités diverses ; mais c’est comme journaliste que dès ses débuts il se montre le plus remarquable, et avec une verve propre, qui se produit moins dans son style que dans la suite de sa conduite même et de son zèle. Son goût n’est ni très-rare ni très-curieux, ni même exquis ; mais, dans son ordre d’idées, ce goût est pur et judicieux, il est prompt et n’hésite pas. Tel il se montre dans la plupart des articles du Mercure qui lui ont valu tant de représailles et de rancunes, tel dans sa correspondance avec le grand-duc de Russie, où il se donne toute carrière en fait de décisif, et dont la publication fit un bruit si épouvantable. Ses articles nous semblent assez froids aujourd’hui ; mais les