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Et mordre et lécher à propos,
Selon les gens ou le salaire ;
Que chaque indulgence a son prix ;
Que, moyennant certaine somme,
Sur le Parnasse, ainsi qu’à Rome,
Tous nos péchés nous sont remis ;
Que d’Hypocrène l’eau lustrale
Ne se donne plus, mais se vend,
Et, comme toute eau minérale,
Ne rend immortel qu’en payant[1].




D’un air contrit certain folliculaire
Se confessait au bon père Pascal.
J’ai, disait-il, délateur et faussaire,
Vendu l’honneur au poids d’un vil métal ;
Ennemi né du goût et du génie,
J’armai contre eux la sottise et l’envie ;
Enfin, courbé sous le bâton fatal,
Dans le mépris j’ai consumé ma vie.
Ce qui fut bien me parut toujours mal.
J’ai… — Laisse là ce détail qui m’attriste ;
Que ne dis-tu tout d’un coup, animal,
Que ton métier fut d’être journaliste[2] !


Ajoutons enfin qu’il n’y a pour ainsi dire pas en France, au XVIIIe siècle, un écrivain de quelque célébrité qui n’ait plus ou moins collaboré à un journal.

  1. Les Enfants du pauvre Diable, ou mes Échantillons, par M. de l’Empirée, concurrent des places et des prix de toutes les Académies, et secrétaire perpétuel de la Société littéraire de ses œuvres (1776), avec cette épigraphe : Et si fractus illabatur liber, impavidum ferient ruinæ.

    « Plusieurs auteurs d’ouvrages périodiques, lisons-nous dans l’Esprit des Journaux (juin 1776), se sont empressés d’applaudir à cette tirade, parce que, selon M. Mercier, dans son journal, ceux qui peuvent marcher la tête levée doivent être les premiers à avouer la turpitude de leurs malheureux frères. »

  2. Par Dupuy des Islets, selon Grimm (mai 1785).