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cette eau leur boisson ordinaire sont rarement malades, guérissent facilement, et semblent conserver jusque dans la vieillesse la vigueur du jeune âge. N’en soyons point surpris. Si les habitants de Paris étaient sages, la Seine serait pour eux la médecine universelle. S’ils sont sujets à une infinité de maladies, c’est à leur intempérance, à la qualité, à l’assaisonnement meurtrier des mets dont ils se nourrissent, à l’usage qu’ils font du vin et des liqueurs spiritueuses, à leur long sommeil, à leur vie oisive, qu’il faut en attribuer la cause. Le meilleur remède à tous ces maux, c’est l’eau de la Seine. On a beau vanter les eaux d’Issy, de Belleville et d’Arcueil renfermées dans des canaux de plomb, elles y contractent une crudité qui ne peut être que funeste à la santé. L’eau de la Seine est donc la plus salubre. Telle est la conclusion d’une thèse soutenue, le jeudi 4 de ce mois, par M. Roussin de Montabourg, bachelier de la Faculté de médecine de Paris, sous la présidence de M. Méry.

Combien de Parisiens ne connaissaient pas leur bonheur ! Voici encore, sur les avantages de leur position, d’autres révélations que nous trouvons dans la feuille du 21 mai :

Le jeudi 10 du présent mois, M. Dussans, bachelier de la faculté de médecine de Paris, a soutenu, sous la présidence de M. de l’Epine, ancien doyen, une thèse où l’on examine si l’air est un aliment, un remède et un poison. Quiconque respire l’air tempéré de Vincennes, dit l’auteur de la thèse, quiconque habite la côte de Chaillot ou quelqu’autre bord délicieux de la Seine, n’a pas à regretter les arides sommets des Alpes. Aurait-il plus de raison de désirer le séjour de Lisbonne ou de Lima ? Le sol perfide de ces beaux lieux est partout entr’ouvert de soupiraux empoisonnés. Je veux, ajoute l’auteur, vivre dans un air qui ne soit ni trop subtil, ni trop dense, ni trop sec, ni trop humide, et je bénis le ciel de m’avoir fait naître dans Paris. Heureux qui peut y choisir une demeure exposée au levant et au midi, et s’y ga-