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de l’Année littéraire appartenant alors au fils de Fréron. « On dit que ces messieurs voulaient s’emparer insensiblement de l’héritage fréronique, et qu’ayant trouvé de la résistance de la part du véritable héritier, ils veulent élever autel contre autel, dans le sein même de l’université, car ils sont tous deux professeurs, et il y a bien paru : ils ont annoncé dans leur prospectus qu’ils n’auraient jamais le mot pour rire, et qu’à peine un homme de lettres aurait les yeux fermés, qu’ils marqueraient sa place dans le temple de mémoire. Leur première feuille, qui est exactement de la forme de l’Année littéraire, commence par un long discours du sieur Geoffroy sur la littérature ancienne et moderne, discours qui renferme de bons principes présentés d’une manière commune, et aucune vue nouvelle : ce serait un morceau excellent pour des écoliers de rhétorique. Ce qui a été le plus remarqué dans cette feuille, ce sont d’assez rudes férules données à J.-J. Rousseau par le même Geoffroy, au sujet de son supplément à l’Emile… Quant à l’abbé Royou, c’est un des frères de la veuve Fréron. On n’a encore vu aucun article de lui dans le journal… Il a manqué de se faire des affaires sérieuses pour quelques articles de sa composition insérés dans l’Année littéraire ; on est fort curieux de voir de ses œuvres dans des feuilles dont il sera le maître[1]. »

  1. Correspondance secrète, t. ii, p. 48.