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çonner, et surtout sans le dire. Il ne pouvait soutenir l’idée d’avoir des ennemis ; d’ailleurs, n’ayant jamais connu le secret de sa supériorité, insouciant jusqu’à la faiblesse, il ne songea jamais à travailler sa renommée. »

Voltaire, qui alors voyait partout l’abbé Desfontaines, sa bête noire, crut d’abord que c’était lui qui était l’auteur du Pour et Contre, mais il ne tarda pas à être détrompé. « Le Pour et Contre n’est point de l’abbé Desfontaines, écrit-il à M. de Cideville ; il est réellement du bénédictin défroqué auteur de Cléveland et des Mémoires d’un Homme de qualité. Je lui pardonne d’avoir dit un peu de mal de Zaïre, puisque vous en avez fait l’éloge. » C’était bien peu, en effet, ce que s’était permis l’honnête critique, et comme il s’appliqua constamment à mettre en pratique les principes posés dans son programme, surtout quand il se trouvait en face de l’irascible philosophe, Voltaire n’a plus pour lui que des paroles flatteuses, et se montre très-sensible à ses éloges.

« Remerciez, je vous en prie, de ma part, l’auteur du Pour et Contre des éloges dont il m’a honoré. Je suis bien aise qu’il flatte ma vanité, après avoir si souvent excité ma sensibilité. Cet homme-là était fait pour me faire éprouver tous les sentiments. » (Lettre à Thiériot, du 24 juillet 1733.)

« Je viens de voir la feuille de l’abbé Prévost (où