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embrasée du feu d’une guerre dont le terme était encore éloigné, était devenue un théâtre où nos succès et nos pertes ajoutaient chaque jour au juste empressement que l’on avait de s’en instruire… »


C’est dans ces circonstances que Claude Jordan[1] créa, en 1704, le journal connu sous le nom de Journal de Verdun. « Son plan était de réunir dans un ouvrage périodique de cinq feuilles d’impression (c’est-à-dire assez étendu pour qu’il y pût donner, de tous les événements, une idée juste, exacte) tous les avantages qui avaient donné du prix à ceux de la nature du sien qui l’avaient précédé. À l’exemple de l’ancien compilateur du Mercure français, il se proposa de donner, autant qu’il le pourrait, des pièces originales sur les affaires ecclésiastiques, civiles, politiques et militaires du temps. En suivant le projet de Théophraste Renaudot, continuateur de ce Mercure, il devait faire des extraits des pièces qu’il ne pourrait publier, et en former ses

relations, qui reposeraient toujours sur la vérité

  1. Cl. Jordan avait occupé en longs et utiles voyages par toute l’Europe douze à treize années de sa jeunesse, et Louis XIV lui avait fait une pension. Avant l’époque où nous sommes arrivés, on le voit, en 1686, établi libraire à Leyde ; en 1692 il était dans le pays de Bar, où il publia ses observations et souvenirs sous le titre de Voyages historiques de l’Europe. Par une erreur assez étrange, Dreux du Radier, et plusieurs biographes après lui, ont attribué le Journal de Verdun à Philippe Jordan de Durand. Ce qui les aura probablement trompés, c’est que Jordan, pensionnaire du roi de France, chercha, dans le principe, à cacher derrière l’anonyme, le pseudonyme, les initiales, l’auteur d’un journal politique. On lit même plusieurs fois sur le verso du titre, dans les premières années, que l’on peut s’adresser pour tous renseignements à M. Philippe Durand, écuyer, à Bar-le-Duc ; mais les premiers numéros de 1747 portent en toutes lettres Claude Durand.