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Lausanne, ni à Neufchâtel, ni à Genève, ni en aucun endroit des contrées voisines, parce que partout on voulait lui donner un censeur, ce qu’il refusait absolument. On regardait sa plume, dit-il lui-même, comme un conducteur électrique capable d’attirer la foudre et d’en déterminer la chute partout où l’on se hasarderait de la fixer. Il traversa donc de nouveau la France et alla s’établir à Bruxelles, où il fut parfaitement accueilli par le prince Charles, qui souscrivit pour quinze exemplaires de son journal et engagea toute sa cour à en faire autant. Il éprouva cependant des difficultés pour se fixer ouvertement dans cette ville, et il avait dû d’abord s’installer dans un petit village auprès d’Ostende, où il avait monté une imprimerie. Le singulier, c’est qu’avec tout cet appareil, il prétendait pouvoir rester caché, et dérober à ses ennemis le lieu de sa retraite, comme nous le verrons tout à l’heure dans son avertissement. Quoi qu’il en soit, Linguet trouva à Bruxelles decus et tutamen, si bien qu’adoptant cette devise, au-dessus de deux plumes en sautoir, il en fit son cachet.

Enfin, le premier numéro de la reprise des Annales parut le 15 août 1778, « à la grande satisfaction des partisans de Linguet, et au grand regret de ses ennemis. » Cette fois encore, il affecte de mettre son journal sous la protection du roi, par une nouvelle épître dédicatoire. C’était la qua-