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Mémoires historiques ou que les Annales, le Journal historique montra un caractère d’indépendance qui en assura le succès. On peut dire que la nouvelle phase où entra dès-lors cette feuille doit marquer dans l’histoire de la presse périodique française. Dès le début, Mallet s’y révèle comme un publiciste distingué ; nous pourrions dire que c’est le premier journaliste que nous ayons encore rencontré. Ce qui ressort de ses premiers travaux, c’est, avec une grande netteté de vues, l’indépendance de jugement, l’habitude d’avoir son avis en toute matière sans en demander la permission à son voisin, et le besoin d’exprimer cet avis hautement et devant le public. Mallet du Pan, évidemment, était par vocation, un observateur, et de ceux qui aiment à faire part de leurs observations à tous. Il jugeait avec un bon sens sévère les déportements et les délires de la philosophie, mais il savait garder de justes mesures ; il justifiait bien cette devise, qu’il avait inscrite aux derniers numéros de ses Mémoires historiques : Nec temerè, nec timidè ; ni témérité, ni faiblesse, ce fut la devise de toute sa vie. Quant à son système politique, on put de bonne heure prévoir, dit son biographe, la pente qu’il suivrait dans les questions où les intérêts des princes et ceux des peuples seraient opposés. Malgré son goût pour l’indépendance et la liberté, peut-être même à cause de ce goût, il se montra disposé à soutenir les premiers.