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dire à ce dernier les vrais motifs qui le faisaient agir ; à l’entendre, il était obligé de le sacrifier aux exigences de Latour, leurs brouilleries seules le mettaient dans la nécessité de se séparer de lui. C’était un habile homme que ce Swinton.

Brissot, qui ne le connaissait pas encore, qui ne voyait en lui que le bienfaiteur qui l’avait tiré du bourbier, le crut et se résigna. Mais il devait rentrer au Courrier par une autre porte, et même, comme nous le verrons tout à l’heure, il ne tint qu’à lui d’en avoir la rédaction suprême.

Swinton, en effet, pouvait rompre avec les instruments dont il se servait, quand il y trouvait un avantage ; mais il n’hésitait pas à les reprendre, si son intérêt le commandait. Brissot ne tarda pas à en avoir la preuve. Il était revenu à Paris, « dans ce gouffre qu’il avait eu tant de plaisir à abandonner », et il y gagnait péniblement sa vie, quand Swinton y fit un voyage. Entre eux il ne pouvait tarder à être question de gazettes. Swinton regrettait beaucoup de n’avoir aucune part dans le Journal de Paris, dont nous savons que le produit était très-considérable, et il le regrettait d’autant plus que c’était par sa faute, et un peu aussi par celle de Brissot, car des offres lui avaient été faites, et c’est sur le conseil de celui-ci, avec lequel il venait d’entrer en relations, qu’il les avait refusées. Brissot avoue qu’en détournant Swinton de cette affaire, il