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avait agi très-étourdiment. « Je calculais alors, dit-il, le succès de cette feuille d’après la pauvreté de sa rédaction et la censure qui pesait sur elle ; je ne voyais pas la soif immense de nouvelles que l’on avait en France, et la disposition des esprits à les rechercher partout, et quelles qu’elles fussent. » Quoi qu’il en soit, Swinton proposa de fonder une feuille qui pût rivaliser avec celle de Paris ; il devait fournir les fonds, un grand faiseur de projets nommé Hénique se chargeait des démarches nécessaires pour obtenir le privilége, et la rédaction devait appartenir à Brissot. Mais ils avaient affaire à forte partie, et toutes les tentatives d’Hénique, bien qu’appuyées probablement par l’argent de Swinton, demeurèrent sans résultat.


Quand, à quelques années de là, Brissot alla à Londres dans l’intention d’y fonder un Lycée, son premier soin fut de rechercher Serre de Latour, avec lequel il avait été en correspondance lorsqu’il faisait le Courrier à Boulogne. Il pensait avoir par lui l’explication des procédés de Swinton à son égard, et puis il espérait tirer parti de son journal pour les projets qu’il méditait. Latour le satisfit sur ces deux points : il lui révéla le mensonge de Swinton, et il lui proposa de se charger de la partie littéraire du Courrier, aux conditions qu’il voudrait fixer. Brissot se hâta d’accepter cette offre, qui, in-