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reprit bientôt ses droits, et bientôt aussi il en abusa avec l’imprudence que l’on sait. Nouvelles et plus rigoureuses poursuites. « Les imprimeurs se plaignent que les nouveautés tarissent. On a mis un embargo sur tous les manuscrits. La police, plus sévère que jamais, ne passe rien, ne tolère aucune plaisanterie… Plusieurs imprimeurs vendent leur fonds de boutique, et nous sommes menacés d’une sécheresse générale de la littérature de France[1]. »

On fouillait alors dans le vieil arsenal des lois pour y trouver des armes contre cette hydre toujours renaissante. Je me bornerai à citer une déclaration du roi du 16 avril 1757, sur les écrits imprimés sans permission. Il est dit dans le préambule que l’attention continuelle que le roi doit apporter à maintenir l’ordre ne lui permet pas de souffrir la licence effrenée des écrits qui se répandent dans le royaume… À ces causes, tous ceux qui seront convaincus d’avoir composé, fait composer et imprimer des écrits tendant à attaquer la religion, à émouvoir les esprits, à donner atteinte à l’autorité royale et à troubler la tranquillité de l’État, seront punis de mort, ainsi que les imprimeurs, colporteurs et autres qui les auraient répandus dans le public. À l’égard des autres écrits, de quelque nature qu’ils soient, faute d’avoir observé les formalités prescrites par les ordonnances, les auteurs,

  1. Mémoires secrets, décembre 1762.