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sieur Boyer pourquoi il se permet d’écrire ainsi, et par quelle impulsion.


En voici un autre de 1784 :


J’ai des raisons pour désirer de savoir, Monsieur, en quoi consistent les recommandations que vous avez faites au sieur Boyer, et sur quoi porte la circonspection que vous lui avez prescrite.


Cependant la tolérance en pareille matière présentait des dangers sur lesquels le gouvernement ne s’aveuglait point. Un jour Suard écrit au lieutenant de police pour lui recommander un bulletiniste :


C’est un honnête homme, je le connais beaucoup ; pendant quarante ans il a vécu dans l’aisance, des malheurs le réduisent aux ressources. On lui propose d’envoyer un bulletin à un gazetier de Hollande. Il s’engage à ne mander jamais que des faits publics, sans aucune réflexion. Il s’interdirait toutes les aventures qui pourraient blesser la délicatesse d’un citoyen, à plus forte raison d’une personne considérable. Son caractère répond de sa circonspection, etc.


Le magistrat promit d’en parler au ministre, qui répondit au magistrat :


J’ai reçu, Monsieur, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire et celle qui y était jointe de M. Suard, touchant la permission que demande un particulier inconnu d’établir une correspondance de nouvelles avec un gazetier de Hollande, sous l’offre, de la part de l’anonyme, de se faire connaître et de soumettre sa correspondance à la censure. Vos réflexions sur cette demande m’ont paru pleines de sens et de raison. Après les avoir bien pesées, je pense que les inconvénients de la tolérance, en pareille matière, l’emportent de beaucoup sur l’utilité qu’on pourrait s’en promettre, même sous la surveillance de l’administra-