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ouvrages que produisent journellement les différentes parties de l’Europe, et qu’il est très-difficile de rassembler ces nombreuses productions. Leur but était encore d’offrir aux talents divers des gens de lettres de toutes les nations un théâtre propre à les faire briller aux yeux de tous leurs contemporains, de contribuer à rassembler en une seule confédération toutes les républiques particulières dans lesquelles était divisée la république des lettres, qui, resserrée pour ainsi dire par les limites de chaque peuple, reconnaissait des bornes que la politique n’avait aucun intérêt de lui prescrire, et qu’elle ne devait recevoir que de la mesure de l’esprit humain.

Cette correspondance, disaient-ils, aussi nécessaire entre les nations pensantes, pour la perfection de la raison, que l’usage de la parole entre les individus pour leur secours mutuel, a besoin de quelque point commun de réunion, où toutes les connaissances acquises viennent s’éclairer mutuellement, où les génies des diverses nations viennent se rencontrer pour instruire l’univers, où les écrivains de tous les pays viennent épurer le goût en les comparant… Que de travaux inutiles répétés, par le défaut de communications entre ceux qui courent la même carrière en différentes contrées ! Que de fatigues et de veilles, que de temps et de progrès perdus pour l’esprit humain, seraient épargnés ou mis à profit, si, au lieu de partir du même point et