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de marcher parallèlement sur la même route, chaque homme de lettres, mieux instruit des progrès de tous ses collègues, et commençant sa course du terme où ils ont fini la leur, gagnait en avant tous les pas qui se perdent à revenir toujours inutilement dans les mêmes sentiers ! Quels avantages encore les sciences ne retireraient-elles pas de la comparaison des différentes méthodes, et les arts des différentes pratiques imaginées dans les différents pays !

Ce projet était excellent, mais immense et rempli de difficultés, ne fût-ce qu’au point de vue des dépenses extraordinaires que devait entraîner, à cette époque surtout, la composition d’un journal dont tous les matériaux devaient se tirer, à grands frais, des pays étrangers.

Aussi les commencements du Journal étranger furent-ils très-pénibles. Après bien des tiraillements, les entrepreneurs en offrirent la direction à Grimm, qui l’accepta d’autant plus volontiers, dit-il lui-même, que ce travail, en amusant beaucoup, pouvait en même temps faire honneur à son auteur ; mais après s’être convaincu par lui-même de l’impossibilité de le bien faire, il l’abandonna, et Toussaint, auteur des Mœurs, prit sa place.

Cependant l’impossibilité de bien faire un pareil journal n’était pas absolue aux yeux du spirituel critique, car à peine l’a-t-il déclaré impossible,