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PROPOSITION INFINITIVE

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7 h’ur donna rentes pour elles vivre. Elle devient de plus en plus fréquente avec n’importe iicl verbe de croyance ou de volonté, comme en latin, aux xv" et xvi"" siècles. De même iicore au xvn" siècle : // se trouve assez de vaillants hommes être prêts à toutes occasions ’rjiandre leur sang. (Malïï.)

...

La voyant si pâle, il la crut être morte. (CoRN.) Cette cons- •iirLion s’est réduite dans la langue moderne aux verbes cités plus haut, et elle appelle les ’inarques suivantes.

Le sujet de l’infinitif peut être non seulement à l’accusatif, mais encore au datif : Je ai entendu parler ; Je les ai vus venir {le, les, accusatifs, sont les sujets logiques de parler, ’nir) Je lui ai entendu dire ; Je leur ai vu faire telle chose [lui, leur, datifs, sont les sujets ti ;i(iues de dire, faire).

Quand le sujet est à l’accusatif, la phrase peut se présenter sous les types suivants : // •

fait périr (=il fait lui périr). // le fait avouer son crime (=il fait lui avouer). // le fait HT {= il fait lui être tué).

Quand le sujet est au datif, Il lui fait tuer, le datif s’explique aisément. Soient les lu-ases

Je lui donne un livre ; Je lui vois un livre entre les mains. Dans ces phrases lui est

(I datif. La deuxième amène naturellement cette phrase nouvelle : Je lui vois lire un livre,, ans celle-ci la notion du datif s’efface, quoique la forme en soit modelée sur la phrase ii’cédente, et l’on voit dans lui le sujet logique de l’action exprimée par lire. Tels sont les deux points de départ de la construction à examiner : d’un côté, l’infinitif Il verbe transitif ayant la signification passive sous une forme active ; de l’autre, le datif lui monçant à sa valeur étymologique pour prendre une fonction nouvelle. 1° Construction avec l’accusatif. — Dans il le fait périr, le pronom le est à la fois régime irect de fait et sujet de périr. Il suit de là qu’aux temps passés le participe fait devrait accorder avec le complément qui précède. C’est ainsi qu’on trouve au xvii" siècle : Qui ma amme a nourrie et Va faite ainsi croître. Bien que Malherbe reproche cet accord à Desportes, n lit encore dans Montesquieu : La simplicité des lois les a faites souvent méconnaître, et ’I Lii tradition a persisté dans la langue populaire.

// le fait avouer son crime, il les a faits avouer leur cinme ; — // le fait tuer, il les a lits tuer (= il a fait eux être tués), disait l’ancienne langue. Par conséquent, elle n’aurait as fait de difïerence entre les deux phrases : La femme que j’ai entendue chanter, La kanson que j’ai entendu chanter. Entendu aurait varié dans les deux cas, parce que le îgime de entendu est le sujet des deux infinitifs : J’ai entendu la femme chanter, J’ai itendu la chanson être chantée. C’est cette construction qu’il faut reconnaître dans ces vers utrement inexplicables : Par les traits de Jéhu j’ai vu percer le père ; Vous avez vu les fils assacrés par la mère (Rac), c’est-à -dire : j’ai vu le père être percé par les traits de Jéhu, etc. i nous modifions la phrase et disons : Mon père que j’ai vu percer par..., là aussi joercer := tre percé, et vu aura pour régime mon père que... Avec un régime d’un autre genre et d’un utre nombre, il faudrait évidemment que vu variât : Les frères que j’ai vus percer par les aits de Jéhu ; La chanson que j’ai entendue chanter par cette artiste. Comme nous le verrons plus loin, la grammaire actuelle ne comprend plus cette cons- •uction. Pourtant la règle nouvelle n’a pas atteint le verbe laisser, les grammairiens faisant intùt accorder le participe avec le régime qui précède, tantôt le laissant invariable. 2° Construction avec le datif.

Les deux types de cette construction sont : il lui fait •ler et il lui fait avouer son crime. Dans la première phrase, le verbe est intransitif ou sans égime ; dans la seconde, le verbe est transitif et accompagné d’un régime. La première tournure, où l’infinitif était intransitif ou n’était pas accompagné d’un égime, était très fréquente en ancien français et a laissé quelques traces en français loderne, avec faire : Vous l’entendez, Monsieur, je ne lui fais pas dire (Dancourt) ; avec lisser : Faites votre devoir et laissez faire aux dieux (Corn.). Quant à // lui fait avouer son rime, c’est une tournure usuelle dans l’ancienne langue et la moderne : Je ne le lui fais pas ire ; Je me laissai conduire à cet aimable guide (Rac). Le sujet peut être sous-entendu ; la hrase présente alors la construction primitive, sans que l’on sache si le sujet est à l’accuatif ou au datif : Les marchandises qu’on a fait vendre ; Les paroles qu’il a entendu dire. >ans la langue actuelle, le sentiment de cette construction a presque disparu, comme on le