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carrosse de conte de fée, flanqué et bourré de victuailles !

C’était, en somme, le drame de cape et d’épée, renouvelé, rajeuni, fait pour une époque plus sceptique, quoiqu’il contienne de l’enthousiasme et du cornélien, et enrichi d’une biographie pittoresque et morale de bretteur poète et amoureux, pleine d’emphase allègre, de bravoure et de braverie.

La Princesse lointaine retenait un peu du mouvement littéraire contemporain ; Cyrano, point du tout, et, au contraire, il s’y opposait ; et l’on a dit toutes les raisons extrinsèques qui ont aidé, sans le déterminer, au succès colossal de la pièce. Car Cyrano de Bergerac sera plus populaire que le Cid, plus jeune et moins « toc » qu’Hernani ; il a déjà fait école, nous avons eu Scarron, les Bouffons, et quoi encore ? et il contient le rôle le plus captivant pour un acteur ; et Lucien Mühlfeld n’alla-t-il pas jusqu’à écrire : « Cent vers pris, çà et là, dans ce drame, feraient les versets d’un évangile de beauté » !

Qu’importe que, dans Cyrano ou dans l’Aiglon, — comme on le lui a reproché, — M. Rostand ait pris des libertés avec l’histoire ! Les droits du poète dramatique, à cet égard, sont souverains.

« Même quand il a tort, le poète a raison »,

et, nous en sommes sûrs,

« Un rêve est moins trompeur, parfois, qu’un document ».