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cessaire de son rêve, puisque sa silhouette, nous dit-on, l’obsédait depuis le collège.

Toute une époque revit, déjà popularisée par Dumas père et les dramaturges de mélodrame, avec de la poésie et de l’esprit ; c’est du roman dans de l’histoire, et un tas de souvenirs littéraires rappelés, du Cid à Molière. Des grands seigneurs et des bourgeois, des poètes et des mousquetaires, des comédiens et des religieuses, une précieuse qui sait l’héroïsme, des violons et des tambours, des billets galants et des coups de feu, un théâtre, une pâtisserie, le vieux balcon des amoureux et, après la bataille, ce parc de couvent, à l’automne, paisible et mélancolique, avec ce rien de religiosité qui ajoute à l’œuvre quelque chose de plus intime ; le jeu de la vie, puis la mort : quelle infinie variété ! Et le grouillement de multiples personnages n’étouffe pas les protagonistes. Et dans le dosage du brillant ou du tendre, du familier ou du truculent, de jactance espagnole ou de verve française, quelle habileté étourdissante ! Quelle diversité savoureuse dans le décor, dans l’accent de chaque acte, et quel sens de son tableau final, quelle experte malice dans les combinaisons scéniques, dans les revirements, et quelle nouveauté dans la rhétorique ou la fantaisie des morceaux, et quelle abondance intarissable d’images ! N’est-il pas jusqu’au titre lui-même, au nom de notre Cadet gascon, qui sonne bien, qui a du hâbleur et du moustachu ! Et l’amusement pour les yeux, du vieux Paris entrevu sous la lune au