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effet, le poète n’a été plus adorateur du mot ou de la syllabe, et jusqu’à la manie et à la déraison. Ce n’est pas une pièce pour « gens du monde ». Ceux-ci — qui ne comprennent jamais rien — ne sauraient discerner le grand effort qu’elle a pu être pour le créateur, ni surprendre les volontés du dialogue, souvent difficile et recherché, et saturé de littérature. Chantecler est pour les artistes, puisque nous y trouvons beaucoup de « jeu » et aussi, quoi qu’on dise, de la pensée. Et laissons la foule s’amuser au spectacle, au décor, aux évolutions des « bêtes »… Et accueillons les conclusions de Chantecler. Le rossignol, aussi, les indique :

«… Il faut chanter ! chanter, même en sachant
« Qu’il existe des chants qu’on préfère à son chant !
« Chanter jusqu’à ce que… »

Le dénouement tragique suspend et achève, philosophiquement, la pensée.

Dans la forêt, Chantecler apprend

«… que celui qui voit son rêve mort
« Doit mourir tout de suite ou se dresser plus fort ».



III.


L’extraordinaire popularité d’Edmond Rostand n’est pas niable. Elle commença à Cyrano et ne put que s’accroître avec l’Aiglon, dont les représentations coïncidèrent avec l’Exposition Univer-