Page:Haugmard - Edmond Rostand, Sansot.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 30 —

selle de 1900. L’auteur était si clair, et possédait avec une si impeccable maîtrise le sens de l’effet ! Quelques jeunes gens estimaient que ce sens de l’effet devait nuire à la sincérité du poète et dénonçaient une absence de pensée ; mais les artistes de forme s’en moquaient, et tous les autres se rappelaient des expressions, des vers, et toutes les jeunes filles apprenaient le couplet du Baiser. Après Ibsen, et combien d’autres ! il était si transparent et sans profondeur gênante ! Ce Cyrano, brutal ou délicat matamore qui a l’exagération pour principe, être pauvre et prodigue qui avait du cœur et de l’intelligence, railleur qui cache son désir d’être aimé, Gascon et Parisien, et Français, c’était un savoureux héros, type cher peut-être à l’ancienne France populaire et qui ne pouvait point déplaire aux Français et, sans doute, aux Françaises d’aujourd’hui, puisqu’il était à la fois amoureux et amusant, et toute générosité, et qu’il pouvait, tout comme un officier de la guerre en dentelles.

Tomber la pointe au cœur en même temps qu’aux lèvres.

Nulle forme littéraire plus que le théâtre ne pouvait contribuer à cette popularité. Et M. Rostand était né, comme on dit, « homme de théâtre ». Une invincible vocation le conduisait à la scène, dont il posséda vite la vie propre et toutes les habiletés, et dont les plus illustres représentants servirent sa gloire. N’était-ce pas, dans sa jeunesse, des comédies de paravent qui avaient rapproché l’auteur des Musardises de celui des Pipeaux ?