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ration de Rostand, un Charles Guérin, par exemple, — lequel est admirable — et l’auteur de Chantecler, il y a bien des nuances ; mais pourquoi, comme l’a remarqué ce dernier, applaudir un écrivain « sur les joues » d’un autre ? Détestable critique ! Ah ! quand en finira-t-on avec cette habitude de demander à celui-ci ce que donne son voisin, et à ce voisin les produits du premier, procédé commode et perfide, avantageusement employé par les directeurs de Revues pour évincer les novices porteurs de manuscrits ?


Bien entendu, le métier est d’une habileté miraculeuse. M. Rostand est un maître dans l’exécution. S’il utilise d’instinct les « trucs » et « ficelles » de la machinerie dramatique, il pratique avec une cavalière aisance la métaphore. Il relève tout d’une image, laquelle donne un caractère concret à l’idée et l’enfonce mieux dans l’esprit de l’auditeur. Ces images ont tous les modes, jusqu’à atteindre parfois à une grandeur shakespearienne. Les mots, de toutes classes et de tout titre, sont admis, pourvu qu’ils fassent figure, même quand ils sont « difficiles » ou paraissent inconnus. On relève des impropriétés ; mais elles sont la condition même de l’esprit ou de l’originalité. L’esprit, en effet, n’est-il pas le résultat de termes évoquant des idées voisines ? De même que l’à-peu-près dans l’expression n’est qu’une recherche voulue pour éviter la banalité ou le « cliché ». D’où un style chatoyant, divers et un