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paraît lourde et rampante à côté de celle de Rostand, plus vive et plus ailée.

En conséquence, des esprits « livresques », de goût universitaire, terne et desséché, ont été maussades à son endroit. Ils l’accusent de manquer d’ordre, de choix, de mesure, de n’être point « classique », alors que, s’il avait écrit des drames-tragédies, à la façon du noble M. de Bernier, ils le blâmeraient de n’avoir pas innové, c’est-à-dire de manquer d’originalité. Et pour le style, certes, M. Rostand n’est jamais plat ; si ce style n’était pas aussi toute fantaisie, assurément le taxerait-on de platitude. Remarquons que les jeux des mots et des syllabes — je pense à Chantecler — qui déplaisent si fort aux esprits de culture classique, — et qu’on relise, dans les Contemplations, la pièce de Hugo sur le bon goût — les ravissent, quand ils sont dans Aristophane.

Rostand, qui est dans le camp des libres artistes et non pas dans celui des pédants et des « regratteurs » de syllabes, peut se rassurer en considérant les attitudes successives de l’Université envers Hugo, dont il est un des pétulants petits-fils. Est-ce cette pétulance agile et exubérante — et créatrice sise au fond de l’âme de M. Rostand —, qui excite les répugnances et déchaîne l’aversion des « jeunes » d’aujourd’hui, surtout quand ils produisent peu ou produisent des « monstres » et qu’ils n’aiment ni la précision, ni la gaieté, ni la jeunesse ?

Évidemment, entre tel autre poète de la géné-