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Quelle est la substance morale des œuvres de Rostand ? Il n’est pas indispensable de « penser » pour être un héros ni pour propager l’héroïsme. Je doute qu’une pièce d’Ibsen ou de Björnstjern-Björnson, si « intérieure » et fouillée soit-elle, puisse éveiller l’élan, comme peut le faire un Cyrano, dans une foule. Cyrano et Chantecler sont des héros. De l’œuvre de Rostand se dégage ainsi le personnage qu’il aime, la « dominante », si l’on peut dire, de l’âme du poète et son accent épique, « dominante » qui apporte à cette œuvre quelque unité. « Les actes héroïques, disait Vogüé, sont en puissance dans les âmes qui vibrent à vos chants. C’est pourquoi vos pareils peuvent seuls prétendre à la vraie popularité, au pouvoir absolu sur les cœurs ». Les enfants, disait-il encore, recevront du théâtre de Rostand « des leçons de courage, de beauté morale, d’humaine pitié », effet de la « complexion saine autant que riche » du poète. Cyrano incarne l’amour-sacrifice — et l’indépendance du poète. La condition de l’artiste semble, en effet, avoir préoccupé M. Rostand, — et ce, dès les Musardises. Qu’il nous souvienne de Le Chien et le Loup. L’un des interlocuteurs donne une recette pour « arriver » :

Chaque relation nouvelle est un atout,
Fais des relations : tu parviendras à tout.
................
Il vaut bien mieux faire, crois-moi.
Une visite qu’un poème !

À quoi Cyrano répond par sa tirade des « Non,