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narquois », à « la veulerie brillante », aux « abdications enjouées ». Le poison d’aujourd’hui, « c’est l’essence délicieuse qui endort la conviction et tue l’énergie ».

Ce qu’il exalte, c’est tout ce qui dépasse le matérialisme et le terre-à-terre, bref, le vieil et toujours vivant « Idéal ». Il faut, dans la vie, se donner un but noble, quel qu’il soit, puisqu’

On finit par aimer tout ce vers quoi l’on rame.

Il faut, avant tout, vouloir et aimer — et même souffrir. « Il faut réhabiliter la passion » ; «l’inertie est le seul vice », et « la seule vertu », c’est l’enthousiasme. « Le véritable esprit est celui qui donne des ailes à l’enthousiasme », et, pour le « panache » — le fameux « panache » — c’est « l’esprit de la bravoure », et, tout simplement, le cabotinage permis aux grandes âmes.

Le théâtre d’Edmond Rostand est, au fond, idéaliste. Une forte santé morale, une honnêteté foncière en émanent, et — pourquoi n’en point faire la remarque ? — un grand air de chasteté. Le départ obligé de Christian, le soir même de ses noces, écarte de notre imagination les matérialités déplaisantes, outre qu’il ajoute à l’amour l’ennoblissement de l’épreuve. Et la vraie fonction de Chantecler, s’il est un véritable coq, n’est-elle pas voilée et comme escamotée ?

Rostand n’est pas un impassible. Il y a en lui un souffle et une foi. Son Ode à la Grèce, le 11 mars 1897, fut — quoique théâtral — un beau geste. Et qu’y souhaite-t-il encore ?