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Et nous retrouverons l’excès, le paroxysme,
Les débauches d’orgueil, les espoirs d’héroïsme.
Tout ce qui jadis triomphait ;
Nous reprendrons la Foi, l’Enthousiasme, l’Ode…

Ce romantique n’est déjà plus un Banville, et c’est l’opposé d’un Baudelaire.

Le critique qui estime être son devoir de juger un esprit non sur ce qu’il a, mais sur ce qu’il n’a pas ou a moins, ne manquerait pas de déclarer : l’auteur de Cyrano n’est pas un philosophe ; il n’est pas un psychologue ; il n’écrit pas comme Jean Racine. Il est le poète d’une époque qui est dénuée de « vie intérieure », le poète des hommes d’argent et des gens de théâtre, de ceux en qui le confort et le factice d’une vie trop civilisée ont étouffé tout élan large et sincère de l’âme. L’amour et la nature, il les sent par la tête, par l’imagination sympathique, plus que par le cœur. Deux domaines lui sont inconnus : la pensée et la vie du cœur. Et il ajouterait, dans une conclusion empoisonnée : c’est un bateleur de génie.

En effet, les délicats — au sens que La Fontaine donne à ce mot, c’est-à-dire les dégoûtés —, les pédants et, il faut bien le dire, le groupe imposant des jaloux et des envieux, lui demandent, parce qu’il est « verbal » et « plastique », d’être « musical », ou « abstrait », ou « penseur », et bien d’autres choses encore. Ils souhaiteraient une étude des caractères pénétrante et fouillée, remarquent que sa psychologie procède par brèves in-