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à tout le monde d’être une « nourriture spirituelle », et peut-être manquerait-il à M. Rostand d’avoir grièvement souffert.

Mais qui lui reprochera d’avoir été trop heureux ? Peut-être a-t-il trop complaisamment sacrifié à l’esprit, mais c’est un signe évident qu’il en a, et de toutes les espèces et qualités, de celui de Voiture et de celui de Don César de Bazan, de celui de Scholl et de celui de Willy, etc.

Son art est mouvement et expression, et le théâtre même. Il est une part de la poésie, s’il n’est pas toute la poésie, même française, — et il suffit de rappeler, tout près de nous, Sully-Prudhomme — ; et cette part, qui est bien à lui, c’est la Fantaisie. Son œuvre est vibrante et ensoleillée. M. Rostand nous aura chanté une chanson de bravoure nouvelle, retentissante, héroïque et jeune, chanson de gloire et de travail, rythmée, chaude et fière, vaillante et pure, où, parmi le martellement métallique et joyeux des mots ou des rimes et l’imagerie éblouissante des métaphores et la cavalcade pressée des vers ardents, nerveux ou languides, on entend, comme une excitation à l’effort, au courage, à la noblesse de vivre,

« Sonner les vérités comme des éperons ».

Louis Haugmard.