Page:Haugmard - Edmond Rostand, Sansot.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 44 —

tuitions, comme celle d’un Hugo, qui n’en avait point, font observer que le théâtre d’un Musset est ingénieux aussi et, volontiers, relevé de bouffonnerie, mais que le cœur humain, le cœur de la femme surtout, est admirablement connu du poète des Caprices de Marianne. Quand on cherche, continuent-ils, au-dessous des ébats et des éclats dont sont constituées les pièces de M. Rostand, un peu l’âme, on ne la trouve point. Il n’y a point d’au-delà dans son œuvre et elle ne dissimule point de « dessous » profonds, comme celle d’un Lamartine ou d’un Vigny. C’est plutôt, comme chez Hugo, le manque d’une certaine sensibilité, affinée et secrète. Que l’on songe, au contraire, à la sensibilité d’un Bataille, à la psychologie déliée d’un Donnay, et au mystère intérieur qui rayonne mystiquement dans le théâtre d’un Maeterlinck. Le théâtre d’Edmond Rostand, c’est du jeu ; et, pour peu que l’on prenne garde à la définition, donnée par le poète, de « musardise » et de « musarder » — « perdre son temps à des riens » — on reconnaîtra que ses œuvres de théâtre ne sont que des « musardises » supérieures. Rostand n’a pas réalisé la Beauté, si la Beauté est simple et sereine. Son art est celui d’un costumier pour fantoches savants. Poète, oui, mais écrivain, non pas. Il est une aventure prodigieuse, une réussite momentanée, un « cas » unique. M. Rostand ne deviendra point classique…

Voilà les griefs. Qu’importe ? Il n’est pas donné