Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/162

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le coeur d’une Francaise appartenant, semble-t-il, à la classe aisée, sinon noble. ll fut ramené en bas age a Florence, et vécut d’abord assez tristement entre un pére dur et intércssé et une belle—mere qui le trouvait apparemment de trop dans la maison. Son pere l’en fit bientôt sortir : le destinant au commerce, il le mit en apprentissage chez un marchand qui l’emmena at Naples. Giovanni achevait alors sa quinzième année.

Ce premier séjour de Boccace a Naples devait durer douze ans, période décisive pour la formation de son caractère et de son talent. Il y grandit dans une liberté relative : au milieu d’un des sites les plus enehanteurs que les poetes aient célébrés, vivait, autour du roi Robert d’Anjou, une cour brillante et voluptueuse qui dissimulait a peine, sous son élégance et son gout pour les joies de l’esprit, une corruption profonde et une incurable frivolité. Ardent au plaisir, doué d’une imagination et d’une sensibilité tres vives, on devine que le jeune Boccace se Iivra sans résistance a tant de séductious. Les succes qu’il obtint aupres de cette aimable société furent des plus llatteurs, puisque la femme qu’iI a chantée sous le nom de Fiammetta, et qui fut pour lui tout autre chose qu’une Béatrice ou une Laure, était la comtesse Maria d’Aquin0, la propre fille du roi Robert.

C’est douc a Naples que Boccace eut la révélation de la nature, de l'amour avec tous ses transports et ses douleurs — car Fiammetta ne tarda pas à le trahir, — de la gloire littéraire enfin, vers laquelle il se sentait irrésistiblement attiré. Des savants, des lettrés avaient trouvé auprès du roi Robert un accueil empressé, voire meme des honneurs et des charges enviables ; l’exemple de leur fortune enflamma le zèle du jeune Florentin, en méme temps que leurs conseils dirigeaient ses premiers pas