Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/200

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180 LITTERATURE ITALIENNB reuses empreintes de platonisme, ses Selve d’Am0re, et de poémes mythologiques — Corinto, Ambra —-— oi: est passé quelque chose de l’imagination et du style brillants d`Ovide, Laurent ose s’inspirer de sujets beaucoup plus modernes et franchement réalistes : il décrit une partie de chasse (Caccia col falcone), ou imite avec tact, sans tomber dans une caricature outrée, les naffs accents de la _niuse populaire dans une suite de rispetti (str. de 8 vers) qu’il met dans la bouche d’un paysan amoureux (Nencia da Barberino); dans les Beoni il s’abandonne a sa verve bouH`onne, et ne recule méme pas devant la parodie de Dante et de Pétrarque. Capable de composer avec talent des [audi dévotes et un court mystére (S. Giovanni e Paolo), ilasurtout déployé son originalité dans ses chants de Carnaval, dans ces strophes, souvent licencieuses, qui accompagnaient, at travers les rues de Florence, les chars représentant soit le triomphe de telle ou telle divi- nité paienne, soit quelque sujet allégorique. Cette variété d’aptitudes relléte iidélementla vie floren- rentine vers la fin du xv' siécle : sous un vernis brillant de culture classique et paienne, les sujets chrétiens restaient toujours chers 21 Yimagination populaire, et les artistes qui les reprenaient le plus volontiers n’étaient étrangers ni au mouvement de l’humanisme, ni aux goiits, aux sentiments, aux plaisirs de la foule. Ces peintres, ces sculpteurs, dont nous admirons les délioates créations, étaient de simples artisans, a qui leur talent permettait de vivre sur un pied d’égalité avec les citoyens les plus influents et les lettrés les plus fameux, tous issus du méme peuple. La distinction des classes n’était pas, tant s’en faut, ce qu’elle est de nos jours, méme dans les pays les plus démocratiques. Cette curieuse société de lettrés, d’artistes, de bourgeois et de mécénes revit dans