Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/264

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wi Lrrriinuunx innnznmz. aiiblé par l`amour et la jalousie? L’un et l’autre repa- raissent pour porter un coup mortel a l’ennemi, celui—ci en frappant Agramant, celui-la en abattant Hector. La mort de Rodomont sert de conclusion au poeme italien, comme celle de Turnus termine l’Enéide; car Roger est, a bien des égards, le reflet du pieux Enée. Il est vrai cependant que c’est dans l’expression poé- tique, dans les images et les comparaisons, dans tout ce que l`on pourrait appeler la partie décorative, que l’imi- tation des modeles antiques est la plus reconnaissable; les réminiscences se pressent alors sous la plume du poete, et des commentateurs attentifs les ont patiemment relevées. Nous sommes aujourd’hui moins sensibles qu’on ne l’était alors a ces citations, adroitement enchas- sées dans la trame du poeme; mais le bénéfice réel que l’Arioste s’est assuré, grace a cette familiarité avec les Latins, est un tour particulier cle style, et méme d`imagi- nation et de sensibilité, une délicatesse de nuances et une ingéniosité d’expression, aussi éloignés de la rudesse, ¢l’ailleurs savoureuse, de Boiardo, que de l’aH`ectation et cle la mollesse ou tombera peu aprés la poésie italienne. L’Arioste n’a réalisé cette union parfaite de la clarté, cle l`élégance et du naturel, qu’au prix d’un travail opiniatre cle correction, dont ses manuscrits et les éditions successives cle son muvre portent la trace. La langue, a son tour, a été l’objet cle tous ses soins; bien qu’il ait pu joindre a l’étude des meilleurs écrivains tos- cans les legons quotidiennes cle langue ilorentine que lui donnait sa chere Alessandra, c’est un des étonnements de ceux qui analysent cle pres l’art cle l’Arioste que l’aisance avec laquelle ce Ferrarais a su se faconner un style poétique, on les graces du langage familier s’aIlient aux accents les plus nobles, et rivalise avec les grands