Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/317

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ces hauteurs, dans la société de ees dévots religieux, commencer les pieux entretiens qu’il allait continuer au ciel[1] ». Il y expira le 25 avril 1595, trouvant enfin dans la mort le repos que la vie lui avait refusé. La splendeur des Obseques que le pape lit célébrer en son honneur compensa, dans une certaine mesure, l’injustice des circonstances qui l’avaient privé du couronnement. Depuis lors, sa modeste cellule de Saint-Onuphre n’a pas cessé d’être un lieu de pelerinage, fréquenté par tous ceux que touche la grande infortune de ce poéte, en qui le génie et la folie se livrerent, pendant vingt ans, une lutte inces- sante.

La figure du Tasse doit sans doute une bonne part de sa popularité a ces douloureux événements : at lire les confidences déchirantes de ses poésies et de ses lettres, on ne peut se défendre d’une prof`onde pitié pour cette belle intelligence, si richement douée, et si misérable- ment accablée, mais non obscurcie, par la maladie. Ses œuvres cependant, l’Aminta, la Jérusalem, les Dialogues, suffisent a lui assurer une place d’honneur dans la galerie des poetes et des penseurs italiens. Il personnifie l’heure mélancolique du couchant, dont on admire d’autant plus les éblouissantes lueurs, qu`on les sait plus fugitives. Avec lui se prolongeait la tradition chrétienne et cheva- leresque au milieu d’une société qui n’était plus du tout chevaleresque, et qui de chrétien ne conservait que le nom. L’idéal du Tasse, sous toutes ses formes, appartenait au passé ; mais l’importance que, dans sa poésie, acquièrent l’élément personnel, le rêve intérieur, et l’aspiration troublée, inquiète, de l’âme mécontente et découragée vers un bonheur qui n’est pas fait pour elle,

  1. 1. Dernière lettre du Tasse.