Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/368

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gu; urrtnarunx ITALIENNR tere inglesi (1767). Dans ces lettres, que Virgile est censé écrirel des Champs-Elysées aux régents de l’Arcadie, Bettinelli fait le procés des vieux auteurs italiens, sous prétexte de combattre la manie de l’imitation, et il y déploie une audace que n’arréte aucun respect, pas méme pour le grand nom de Dante, sa premiere et principale victime : la Divine Comédie lui parait pleine d’inventions barbares; c’est un chaos indéfinissable, sans gout, sans art; a peine en pourrait-on extraire quelques passages, de quoi former tout au plus cinq chants qui seraient lisibles. Pétrarque seul trouve grace devant cet impi- toyable censeur; encore eut-il réduit volontiers le Canzo- niere d’un tiers. Reprenant et élargissant ses idées dix ans plus tard, il faisait écrire par un prétendu Anglais qu' u il n’y a pas de littérature italienne », parce que l’ltalie n’a pas de centre du bon gout, comme la France et l’Angleterre. Cet esprit de dénigrement systématique, paradoxal, souleva des discussions et des polémiques trés vives. Les défenseurs de Dante surgirent de toutes »parts, pleins de zéle et de confiance dans la bonté de leur cause, alors meme qu’ils étaient mal préparés A gouter dans sa plénitude la poésie de la Divine Comédie. Seul en son siécle, Vico en pénétra le sens et la beauté; Gaspare Gozzi lui-méme, le spirituel auteur de la Dzfésa di Dante (1758), n’oppose a Bettinelli que des arguments peu décisifs, faute de savoir s’aH`ranchir des préjugés classiques, alors dans toute leur force. Une part du mérite d’avoir réveillé en Italie le culte de Dante n`en revient pas moins a Bettinelli et a G. Gozzi, au moment méme Oil Muratori montrait la voie qui devait aboutir a une reconstitution scientifique de l`histoire d’ltalie au Moyen Age. Correspondant assidu de Voltaire, Bettinelli avait