Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ne le peut pas ; car ces premières manifestations littéraires préparent et expliquent en partie l’apparition des œuvres les plus caractéristiques du génie italien. Les passer sous silence aurait encore le grave inconvénient de dissimuler un des traits essentiels de la littérature italienne à ses origines : par une sorte de répugnance à se servir de leurs idiomes vulgaires en des ouvrages avant certaines ambitions littéraires, les Italiens ont tâtonné longtemps avant d’écrire dans une langue qui leur appartint en propre. Parmi les trois grandes nations néo-latines de l’Europe occidentale, l’Italie fut la dernière à posséder une littérature dans sa langue nationale : dès le xie et le xiie siècle la France, au Nord et au Sud, avait une poésie épique et lyrique extrêmement développée ; en Espagne, le poème du Cid fut rédigé, selon toute probabilité, dans la seconde moitié du xiie siècle. En Italie, il faut attendre le milieu du xiiie siècle, pour rencontrer des œuvres qui attestent, chez les écrivains, l’intention bien déterminée d’élever l’idiome vulgaire à la dignité de langue littéraire.

On ne saurait donc se dispenser de passer rapidement en revue les essais en latin, en provençal et en français qui précédèrent immédiatement l’apparition d’œuvres vraiment italiennes. D’autre part il convient d’accorder quelque attention aux premiers monuments de la langue italienne, alors même qu’ils n’offrent encore aucun intérêt proprement littéraire.



I


La fidélité prolongée des Italiens au latin s’explique d’elle-même : ce n’était pas seulement pour eux la seule