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Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/527

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famille de pécheurs siciliens, honnêtes et laborieux, sur lesquels vient s'abattre une série de malchances et de calamités, qui les conduisent la la ruine — sujet simple et poignant, ou l’enchainement naturel de n1enus incidents parfaitement ordinaires est exposé avec un réalisme sobre, encore qu’y apparaisse le parti pris d’accumuler toutes les plus tristes mésaventures sur ces humbles, sur ces victimes du destin, sur ces « vaincus ». La forme demeure strictement impersonnelle, en ce sens que l’auteur n’y intervient jamais, contrairement à la manière de Manzoni: toute la trame serrée de l’action est constituée par des dialogues coupés de rapides traits descriptifs, d’un relief saisissant, avec quelques traces de vocabulaire et de tournures dialectales, qui accentuent la couleur locale. La personnalité de l’auteur apparait seulement dans la poésie qu’il réussit à tirer des tableaux de nature et de vie sicilienne. C’est la un art supérieur, mais austère, et qui n’a jamais eu sur le public italien la prise qu’on pourrait croire.

La série des a vaincus », inaugurée par I Malavoglia, se continue par une peinture des mœurs bourgeoises dans une petite ville: Mastro Don Gesualdo est un parvenu, un homme qui, par son travail et son énergie, a su s’enrichir, et qui réussit à s’allier à une famille de bonne bourgeoisie, en attendant que sa fille épouse un duc di Leyra ; mais il est en butte aux jalousies, aux convoitises de ceux qui l’entourent, au mépris de l’aristocratie de la petite ville, et sa fortune ne tarde pas à être dissipée, gaspillée sous ses yeux. L’œuvre est encore forte ; elle ne possède pourtant pas la séduction, la beauté simple et émouvante des Malavoglia. Verga, sans doute, s’est aperçu qu’il pourrait difficilement se maintenir au même diapason, s’il continuait sa revue des « vaincus » en s’éle-