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Page:Havet – Arlequin, paru dans Les Écrits nouveaux, 1922.djvu/2

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ARLEQUIN


Mon petit Arlequin
si triste sur le divan
dans la journée molle et que creuse l’orage
aux labours du printemps
tu as chu comme une feuille balancée
pétale détachée qui s’envole
En culotte de soie de toutes couleurs
tes jambes fines en lignes coupées
par les ramages
voyant paysage d’une féerie
de mauvais aloi
où les pommes ont des yeux
et les oiseaux trois pattes
Tu étales dans l’argenterie d’un crépuscule
tout balancé de pluie et d’arrosage
ta souplesse infernale
de sauts périlleux et de scandales
Arlequin mon petit camarade
aux gestes de pantin
qui donc aujourd’hui a tenu
la ficelle de ta belle âme
qui donc a tiré l’élastique de tes quatre membres
que je te vois si pâle et si défait
dans ce costume
qui appelle la bâtonnade
d’un pierrot ridicule

Les jardins ont versé leurs odeurs
sur la route
toute une procession de marronniers