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Page:Havet – Arlequin, paru dans Les Écrits nouveaux, 1922.djvu/5

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qui servit à trancher
tant de pavots magiques
Dans la nuit où se recomposent
les jardins échevelés par la pluie
et leurs odeurs mêlées
jeu de patience que brouilla l’orage
je m’éveille
Aladin
Surpris par un rêve incroyable
Est-il vrai que c’était mon visage
une telle ressemblance est-elle possible
mon visage sous ton masque
que j’embrassai toute une nuit
Bientôt, dit-il, je te quitterai pour toujours
le jeu a duré bien longtemps pour mon arlequinade
je ne sais vraiment ce qu’il m’a pris
entend les coqs qui ouvrent les routes
de l’aurore
Il faut que j’aille réjouir les villes
leur petit guignol de planches et d’or
avant que le matin ne ternisse de rosée
mon brillant costume
Il faut que j’aille danser
rejoindre Colombine
et tous les autres
que serait la comédie sans Arlequin
Vraiment que serait la comédie
tu n’y songes pas

Il parlait à demi tourné vers la fenêtre
et l’ombre me cachait sa figure
c’est alors que m’étant levé
pour le rejoindre
d’une jambe souple
il sauta
dans le vide

Arlequin
le masque détaché par la chute
vient s’abattre oiseau triste
dans mes mains
et je ne vis plus