Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/10

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cheon-street, — il était maintenant plus honnête de l’appeler ainsi, — fut envahie, à l’heure dite, comme eût pu l’être le chemin d’un nouveau temple. Les nombreux convives, à mesure qu’ils arrivaient, mesuraient de l’œil l’imposant édifice qui désormais allait prendre rang parmi les demeures humaines. Un peu en deçà de l’alignement, plutôt par orgueil que par modestie, il s’offrait aux regards de tous, avec sa façade ornée de figures étranges où la fantaisie gothique s’était laissée aller à ses inspirations les plus grotesques, et qui n’en ressortaient que mieux, moulées dans le plâtre brillant dont la charpente en bois était partout revêtue, mélange de chaux, de petits cailloux et de morceaux de verre. Les Sept Pignons de tous côtés dressaient leurs flèches aigües ; avec leurs petits carreaux taillés en diamant, les nombreuses croisées à treillis laissaient pénétrer un jour abondant, mais atténué par le relief divers des trois étages qui se surplombaient l’un l’autre et dans les pièces du rez-de-chaussée n’admettaient plus qu’une lumière sobre et discrète ; des globes de bois sculpté marquaient la saillie de chaque étage. De petites flèches de fer, roulées en spirales, décoraient chacun des Sept Pignons. Sur le triangle de celui qui faisait à peu près face à la rue, se trouvait un cadran installé le matin même, et sur lequel le soleil marquait une heure brillante, — suivie, hélas ! de bien des heures obscures.

L’entrée principale, presque aussi large qu’une porte d’église, occupait l’angle en retrait, formé par les deux pignons de la façade ; un porche ouvert l’abritait, sous lequel on avait placé des bancs protégés contre la pluie. Les ministres, les Anciens, les magistrats, les diacres,