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Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/9

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si peu rebelle à la pensée de chercher un lucre honnête dans la bourse de l’homme qui avait fait périr son père. Thomas Maule, quoi qu’il en soit, fut l’architecte de la Maison aux Sept Pignons, et s’acquitta si fidèlement de sa tâche que la robuste charpente de chêne assemblée par ses mains tient encore au moment où nous parlons.

Ainsi fut bâti ce grand édifice que nos yeux ont étudié vingt fois, comme un curieux spécimen d’architecture ancienne, et comme ayant servi de théâtre à des événements plus intéressants que ceux dont les murailles grises de tel ou tel château féodal nous conservent la mémoire. Mieux nous la connaissons dans son état actuel, plus il nous est difficile de nous la représenter, par un effort d’imagination, telle qu’on la vit au sortir des mains de l’ouvrier, reflétant pour la première fois, les rayons du soleil. Ce fut l’occasion d’une fête où la ville entière fut conviée par le magnat puritain ; solennité religieuse aussi bien que repas formidable, où les prières, les sermons, les psaumes ruisselèrent en même temps que l’ale, le cidre, le vin, l’eau-de-vie, et où l’on vit au pied de la chaire, disent quelques autorités plus ou moins suspectes, rôtir un bœuf tout entier. Un daim, tué à vingt milles de là, emplissait de sa carcasse désossée les flancs d’un immense pâté. Tout le reste était à l’avenant ; et la nouvelle maison vomissait par son immense cheminée, avec l’épaisse fumée des cuisines, un parfum de viandes et de poissons assaisonnés d’herbes odoriférantes parmi lesquelles l’ognon jouait un rôle prédominant. Ses puissantes émanations constituaient à elles seules l’appel le plus énergique ; aussi Maule’s-lane ou Pyn-