Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/108

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expression sévère, puis ils se dérobent à l’œil qui les fixe et semblent vouloir soustraire au regard leurs lignes indécises… Je suppose qu’ils se sentent peu aimables et redoutent pour cela d’être vus.

— Avec votre autorisation, dit l’artiste qui regardait Phœbé, il me plairait d’essayer si le daguerréotype peut extraire, d’un visage parfaitement aimable, une effigie tout à fait sans agrément… Je reconnais, cependant, la vérité de ce que vous venez de dire… La plupart de mes portraits sont maussades, mais j’en accuse, peut-être à tort, la maussaderie de mes modèles… La lumière du ciel est douée d’une pénétration merveilleuse ; ses révélations vont plus loin que la superficie, et le peintre le plus habile ne saurait comme elle, — en supposant même qu’il la connût, — mettre en relief, faire saillir au jour l’individualité secrète de l’original livré à ses pinceaux. Mon art est humble, mais il ne flatte pas… Maintenant, voici un portrait que j’ai recommencé bien souvent, et sans le réussir jamais. Chacun, cependant, interprète le modèle d’une manière toute différente ; et je serais heureux d’avoir votre avis sur le caractère que traduit cette image. »

Il ouvrit une boîte de maroquin dans laquelle était une miniature au daguerréotype. Phœbé y jeta un seul regard et la lui remit.

« Je connais ce visage, répondit-elle, car durant tout le jour son regard austère ne m’a pas quittée. C’est mon ancêtre puritain, le même qui est accroché dans le salon. Vous avez sans doute trouvé quelques moyens pour reproduire le portrait, moins le bonnet de velours noir et la barbe grise, et de rem-