Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/113

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Hepzibah. Mais placez-la sur la table au coin du corridor. Mes yeux sont affaiblis, vous le savez, et ne peuvent pas toujours supporter la lumière. »

Quel admirable instrument est la voix humaine ! Comme il correspond merveilleusement aux moindres émotions de l’âme ! L’accent d’Hepzibah, contrastant avec la vulgarité des mots qu’elle prononçait en ce moment, s’était empreint d’une onction pénétrante, puisée dans les plus ardentes aspirations de son cœur. Tout en allumant la lampe dans le corridor, Phœbé s’imagina que sa vieille parente lui adressait encore la parole.

« À l’instant, cousine, à l’instant ! répondit la jeune fille : — les allumettes ne font que s’éteindre l’une après l’autre. »

Mais, au lieu d’une réponse d’Hepzibah, il lui sembla qu’elle entendait murmurer une voix inconnue. Murmure singulièrement indécis, d’ailleurs, — dont aucune articulation n’était distincte, — et traduisant plutôt un sentiment, une sympathie, qu’une conception de l’intelligence, une idée plus ou moins susceptible de prendre corps. Sa vague irréalité, produisant à peine une impression quelconque, éveillait tout juste un mystérieux écho dans l’âme de Phœbé, qui crut avoir pris un tout autre bruit pour celui de la voix humaine, et même, l’instant d’après, se figura n’avoir rien entendu.

Elle déposa la lampe allumée dans le corridor, et rentra ensuite au salon. La taille d’Hepzibah, bien que ses vêtements noirs la confondissent avec les ténèbres, était maintenant un peu plus visible, mais dans le fond de la pièce, dont les parois reflétaient si imparfai-