Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/126

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Encore, encore ! s’écria-t-il précipitant ses paroles comme pour retenir une sensation prête à lui échapper… Voilà ce qu’il me faut !… Donnez donc, donnez encore ! »

Il s’était redressé sous cette délicate et puissante influence, et son regard brillant mettait en relief le caractère dominant de sa physionomie, laquelle indiquait un homme de haute trempe, ayant pour fonction, ici-bas, la science et la recherche de la volupté sous toutes ses formes. La beauté devait être sa vie, concentrer toutes ses aspirations, absorber toutes ses tendances, devenir le mobile de tous ses développements. Rien de commun entre cet homme et la douleur ; rien entre lui et la fatigue des luttes ; rien entre lui et tous ces martyres variés que subissent les nobles cœurs, les volontés, les consciences héroïques, dans le combat livré au monde. Pour ces natures d’élite l’univers n’a rien d’aussi précieux qu’un pareil sacrifice, mais l’individu dont nous parlons ne devait y trouver qu’une souffrance sans compensations. Il n’avait pas le droit d’y aspirer, et le voyant si capable de bonheur, si débile à tout autre point de vue, il ne fallait pas s’étonner qu’un noble esprit, généreux et fort, lui sacrifiât volontiers la petite part de jouissances qu’il avait pu rêver pour lui-même, et les espérances, mesquines à ses yeux, dont il avait pu se bercer.

Sans dureté, sans mépris aucun, nous dirons que Clifford était né sybarite. On le voyait, — même dans ce sombre salon, où ses yeux étaient sans cesse attirés vers les rayons de soleil se jouant parmi le feuillage. On le voyait au mouvement de ses narines qui aspiraient avec délices les émanations du vase embaumé