Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/135

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plus distinctement, si le frère de la vieille demoiselle Pyncheon est ici, comme on l’assure.

— Le frère de ma cousine Hepzibah ? demanda Phœbé que prenait à court cette explication soudaine et lumineuse… Son frère ?… Où donc était-il jusqu’à ce jour ? »

Le petit garçon, pour toute réponse, posa son pouce à l’extrémité d’un nez tant soit peu camard, accompagnant ce geste d’un de ces regards malins par lesquels le polisson des rues compense fréquemment l’insignifiante vulgarité de ses traits. Puis, — comme Phœbé continuait à l’examiner d’un air étonné sans accorder la moindre réponse au message maternel, — il prit congé d’elle en deux gambades.

Au moment où l’enfant descendait les degrés, un gentleman les montait pour entrer dans le magasin. Tant soit peu trop petit pour que sa corpulence eût un caractère majestueux, cet homme, arrivé aux premiers confins de la vieillesse, était vêtu de noir, des pieds à la tête. Sa canne à pomme d’or, faite d’un bois précieux, sa cravate blanche comme la neige, et l’éclat de ses bottes consciencieusement vernies ajoutaient à l’importance de ses dehors. Son galbe massif, sa physionomie sombre, l’épaisseur de ses sourcils touffus lui auraient donné un aspect un peu rigide, si notre gentleman n’avait pris sur lui de la mitiger par une affectation de bienveillance et de bonne humeur. Mais, grâce à l’ampleur peut-être excessive du bas de son visage, cette physionomie prenait une onction plutôt matérielle que spirituelle, et n’était pas à beaucoup près aussi favorablement impressive qu’il le supposait sans doute. Un observateur subtil en eût du moins