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Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/136

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ainsi jugé ; que si cet observateur était en même temps animé d’une certaine malveillance, il pouvait établir une sorte d’apparentage entre le sourire du gentleman et le brillant de ses bottes, l’un et l’autre ayant coûté quelque labeur.

Quand cet étranger entra dans le petit magasin où régnait une sorte de pénombre grise, — occasionnée par la projection du second étage, le feuillage épais du grand orme, et l’encombrement de menus objets étalés derrière l’unique fenêtre, — son sourire devint aussi lumineux que s’il avait eu dessein d’éclairer cette pièce obscure. Et lorsqu’au lieu de la triste vieille fille il aperçut cette jeunesse en bouton, sa surprise se manifesta d’abord par un froncement de sourcils, puis par un sourire plus onctueux et plus bénin que jamais.

Ah, je vois, je vois… dit-il d’une voix grave et naturellement rude, mais dont il avait adouci, et comme assoupli à force de culture, l’accent fort peu agréable… Je ne savais pas que miss Hepzibah Pyncheon eût débuté dans les affaires sous de si favorables auspices… Je suppose que vous travaillez sous ses ordres ?

— Oui, Monsieur, répondit Phœbé qui ajouta cependant, en se rengorgeant quelque peu (car enfin, si poli que se montrât le gentleman, il la prenait évidemment pour une jeune personne à gages)… Je suis une cousine de miss Hepzibah, venue pour passer quelque temps avec elle.

— Sa cousine ?… Et arrivant de la campagne… En ce cas veuillez me pardonner, dit le gentleman avec un salut et un sourire dont Phœbé n’avait pas même l’idée… mais il nous faudra faire plus ample connaissance… Ou je me trompe, en effet, ou vous